samedi 18 janvier 2014

1933 : Don Juan de Paris, roman



Publié en 1933 aux Éditions Ernest Flammarion.
250 pages.

Ouvrage dédié « A M. André de Fouquières ».

En exergue, sur la page de titre, une citation de George Clémenceau : « Ou la liste civile ou celle de Don Juan ».


Table des matières :

PREMIÈRE PARTIE : Deauville
Première nuit
Deuxième nuit
Troisième nuit
Quatrième nuit

DEUXIÈME PARTIE : Paris
Première journée
Deuxième journée
Troisième journée
Quatrième journée

TROISIÈME PARTIE : Intermezzo
I. Quinze jours ou une idée en marche
II. Lettre entre jour et nuit, entre ciel et terre

QUATRIÈME PARTIE : Le chemin du ciel
I. Vingt-quatre heures en l'air
II. Vingt-quatre heures en chambre

Publicités parues dans Le Matin (août 1933)


Le livre et la critique :


Pierre Descaves in L'Européen n°226, 8 septembre 1933, p.3 :

Il y a deux choses dans le dernier ouvrage de Mme Maryse Choisy : un très médiocre roman, un essai absolument original. Les deux plans ne se rejoignent jamais et le livre donne d'un bout à l'autre cette regrettable impression de déséquilibre. On le regrettera d'autant plus que Don Juan de Paris contient des notes, des formules, des réflexions remarquables, d'une psychologie très fine et d'une portée souvent profonde. Dans un sens, ce roman est une contribution à cette « enquête » sur le don juanisme contemporain qu'ouvrit avec tant de maîtrise M. Marcel Barrière.
« Il n'y a plus de don Juans, dit un des personnages de Don Juan de Paris, parce qu'il n'y a plus d'hommes oisifs. En 1933, on n'a pas de temps pour les grandes passions. »
Un autre jeune homme, champion de saut en longueur, déclare pour sa part :
« Une génération sportive comme la nôtre ne possède pas de Don juans. »
L'actualité et le fait divers le plus récent ont assez tragiquement illustré cette constatation pour qu'on n'y insiste pas.
A la suite de ses héros, Mme Maryse Choisy nous invite à un voyage qu'on peut dire à trois dimensions, puisque nous allons à Deauville, à Paris... et dans le ciel. L'avion a décidément droit de cité littéraire et figure désormais dans tous les bagages romanesques. L'artifice, avec Mme Maryse Choisy, est toujours un peu gros, la note un peu forcée, et on n'en est pas, avec elle, à une invraisemblance près.
Mais tout cela est racheté par le goût très vif des idées générales et le sens de les exprimer. L'auteur de Don Juan de Paris est un moraliste qui s'ignore, et son intérêt serait de cultiver cette veine où tout devrait, d'instinct, la porter.

Françoise Verdier in L'Africain n°187, 15 octobre 1933, p.3 :

Une promenade dans les coulisses mondaines et politiques de Paris. Un homme qui ne se contente pas de conquérir un corps, mais veut un cœur. Maryse Choisy avec sa brutalité et sa sexualité ordinaires a fait là un livre qui ne plaira pas à tout le monde par son cynisme trop « mis en vitrine ».

Maurice Randoux in Journal des Mutilés n°873, 22 octobre 1933, p.4 :

Nicole Marly, célèbre femme-peintre – célèbre par ses tableaux, ses amours, ses scandales – maîtresse du président du Conseil. Elle voudrait connaître Don Juan. C'est pour lui résister.
Mais voici Don Juan. Robert Lestang, don Juan très moderne :
A partir de vingt-cinq ans, il avait su entourer sa vie intime d'un tel mystère qu'il échappait aux femmes mêmes qui y participaient. La conquête d'une femme, il l'entreprenait pour sa propre joie secrète et non point par vanité sociale. Très souvent, il se contentait du triomphe moral.
La résistance de Nicole, habile et ferme, ne sera pas de longue durée. Et Robert l'aimera, elle seule :
Don Juan est pur et fidèle. Il est fidèle tant que dure sa passion. Et il voudrait qu'elle dure toujours... Entre cœurs très grands, très sûrs d'eux-mêmes, les serments d'amour sous-entendent dans tous les cas l'immortalité. La monogamie est un article de foi de Don Juan. C'est sa caractéristique et sa supériorité. Le polygame est tout le contraire du séducteur. Don Juan n'existe pas chez les Mahométans.
Après Deauville, Paris. La rentrée du Parlement. La jalousie qui grandit dans le cœur de Nicole qui, « femme jalouse comme toutes les autres femmes... devient insupportable, pessimiste ». Elle essaie de peindre un immense panneau : Le Dictateur, dictateur qui aurait naturellement les traits de Robert... Mais « la vie tue l'art. Nicole voudrait pleurer, mordre, griffer, bondir. Elle recommence trois toiles. Elle se fâche. Elle jette les pinceaux. »
Pendant que Robert fait en Corse un voyage de propagande politique, Nicole, qui ne reçoit aucune lettre de son ami, prépare une traversée de l'Atlantique en avion.
Robert est rentré. Elle attend toute la nuit un coup de téléphone. Il en vient un, à l'aube : « Conditions atmosphériques excellentes ». Et de Nicole, qui part aussitôt, l'on n'aura plus jamais de nouvelles. Peu à peu, Robert Lestang sera ministre de l'Air.
Telle est la trame de ce roman, où la finesse et l'originalité de la psychologie amoureuse sont servies par un style trépidant, aux images hardies et neuves. Mais il ne saurait trouver sa place dans la bibliothèque familiale, où viennent en liberté puiser les enfants. Évidemment..

Jean Séval in Le Concours médical n° 42, 21 octobre 1934, p. 2892 :

Style cru, roman cru, du Freud cru. Brochant le tout, un gigolo, qui paraît ressembler assez fidèlement aux tristes pantins désoeuvrés de notre après-guerre.

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