jeudi 16 janvier 2014

1930 : Le Vache à l'âme, roman



Publié en 1930 aux Éditions du Tambourin.
216 pages.

En exergue : « Je dédie ce livre à tous ceux qui auront trente ans en 1930. Je dédie ce livre à mes frères et sœurs en génération. A bas les grincheux ! Moi, j'aime ma génération. D'abord parce que c'est la mienne, ensuite parce que c'est la génération de la ligne droite. Ceci est ma contribution au centenaire du romantisme. / M. C. »


Table des matières :

CHAPITRE PREMIER : Feu !
CHAPITRE II : Neuf portraits en quête d'une héroïne
CHAPITRE III : Instantané du héros
CHAPITRE IV : L'arc bandé
CHAPITRE V : Amour d'avant-garde
CHAPITRE VI : Triangle scalène
CHAPITRE VII : Neuf portraits en quête d'amour
CHAPITRE VIII : Larves et larmes sur une robe nouvelle
CHAPITRE IX : Un fantôme romantique
CHAPITRE X : Triangle isocèle
CHAPITRE XI : Triangle équilatéral
CHAPITRE XII : 1830 et 1930
CHAPITRE XIII : Modus vivendi
CHAPITRE XVI : Une porte ouverte
CHAPITRE XVII : Affaire classée
CHAPITRE XVIII : Le talent de Sherlock Holmes


Le livre et la critique :


? in La Correspondance d'Orient, avril 1930, p.171 :

Des poèmes très brûlants d'aujourd'hui. Une conception neuve de l'amour. Une intrigue dans un style direct, cinématographique, géométrique, vivant et violemment coloré, le style à cheveux courts, qui a définitivement classé Maryse Choisy parmi les premiers écrivains de la jeune génération, celle du Vache à l’Âme. Le Vache à l’Âme est le livre du siècle.

Paul Chauveau, in Les Nouvelles Littéraires, 12 avril 1930, p.3 :

En tout cas, on ne peut refuser à Mme Maryse Choisy les apparences forcenées d'une riche nature. Ses curiosités audacieuses, l'emploi publicitaire et, dit-elle, moral, qu'elle en fait lui ont valu l'attention légèrement interrogative — que voulez-vous, les hommes seront toujours les mêmes — de ses lecteurs mâles et l'intérêt un peu pincé, mais non moins affirmé de la plupart de ses lectrices. Avec « Un mois chez les Filles » et « Un mois chez les Hommes », Mme Maryse Choisy paraît bien avoir atteint son but.
Après avoir ainsi édifié les populations sur son courage, voici que Mme Maryse Choisy s'attaque à une intrigue supra-moderne, paraît-il. Avez-vous remarqué qu'en pareil cas, moderne veut souvent dire, qui ne craint rien dans le domaine des mœurs ? Et l'excellente personne résume le tout en affirmant que le vague à l'âme des temps romantiques doit aujourd'hui s'appeler le vache à l'âme. Le vache à l'âme, c'est un titre qui force l'attention comme tout ce qui choque le goût.
En somme, Mme Maryse Choisy a fait un livre d'une ardeur soigneusement entraînée, abondant, confus, fatigant, concerté sous les apparences exaltées d'une perpétuelle inspiration. En transe sur le trépied, s'accompagnant d'une musique de Delteil, vaticinant sur la violence comparée de la passion en 1830 et en 1930, elle est amusante, mais pour des raisons qui sont pas celles qu'on escompte. Et puis, son livre présente un autre intérêt : il peut servir à étudier, comme au microscope, tous les défauts, les excès, les manies, les outrances de M. Delteil.


John Charpentier, in La Quinzaine littéraire des livres et des revues, 25 avril 1930, p. 86 :


Mme Maryse Choisy a voulu rajeunir, ici, j'imagine, le drame George-Sand-Musset, pour montrer qu'en fait de romantisme, plus ça change, plus c'est la même chose... Il y a, en effet, dans son roman un homme et une femme de lettres qui badinent (est-ce badiner qu'il faut dire ?) avec l'amour, et un Italien, qui n'est pas docteur, mais qui joue le rôle de Pagello. Au vague à l'âme, on a substitué le vâche à l'âme, il est vrai. Mais on a beau être cynique, se tolérer toutes les infidélités et se soumettre – je dirai, par euphémisme, à toutes les épreuves – la jalousie ne perd pas ses droits. Le sang coule dans le roman de Mme Maryse Choisy, qui débute comme un feuilleton, mais comme un feuilleton loufoque, et qui parodie ou pastiche à s'y méprendre le style de M. Joseph Delteil. Mme Maryse Choisy veut faire scandale. Y réussira-t-elle ? Oui, si son livre tombe entre des mains naïves. Autrement, elle incitera à sourire les plus indulgents qui regretteront qu'elle se donne tant de mal, avec du talent, sans doute, pour passer à côté de l'originalité véritable.


John Charpentier in Mercure de France n°765, 1er mai 1930, p.659 :

Qu'on veuille rivaliser d'extravagance ou d'audace avec M. Delteil, cela semble une gageure. Tel est, cependant, le propos de Mme Maryse Choisy qui, dans Le vache à l'âme, refait à sa manière Elle et Lui pour confronter les deux romantismes, celui de 1830 et celui de 1930. Il y a un couple d'écrivains dans Le vache à l'âme comme dans Elle et Lui, et aussi un Italien qui joue le rôle de Pagello... Mais il s'en faut que Mme Maryse Choisy écrive comme George Sand (et je ne dis pas cela pour humilier George Sand...) Je le répète : Mme Maryse Choisy pastiche Delteil. Elle a l'air de le parodier. M. Delteil disait de je ne sais plus quelle artiste : elle peint avec ses seins. De son héroïne, Mme Maryse Choisy dit : elle écrit avec son sexe. Voilà le ton. Sans doute, Mme Maryse Choisy se propose-t-elle d'épater le philistin. Qu'elle y réussisse ou non, ce n'est pas notre affaire.

1 commentaire:

  1. Cher Monsieur Haleux
    Nous avons correspondu en juillet 2017 à propos de Fagus et de Léautaud et voilà que je vous retrouve à propos de Maryse Choizy.
    Je vous joins un extrait du Journal littéraire de Léautaud au 23 décembre 1932 :
    *****************
    Ce soir, Davray [Henry Durand-Davray (1873-1944)]. Il établit devant moi un bon de commission pour acheter, avec la remise, La Chiromancie [sic] de Maryse Choisy. Il me le montre et me dit : « Vous la connaissez ? Une drôle de femme, hein ? Marie Choisidova. Elle a pris ce nom : Maryse Choisy… Je l’ai connue à Londres, pendant la guerre. Elle venait me voir dans mon bureau… dans une de ces toilettes… une épaule complètement découverte… Elle cherchait sans doute à m’exciter… ce qui n’était pas le moyen. Elle était mariée à un grand type, qui se disait envoyé de la République de l’Ukraine. Il s’était installé là-bas luxueusement… Puis les Soviets sont arrivés. Vous comprenez s’ils l’ont envoyé dinguer, l’envoyé de la République de l’Ukraine. Il l’a plantée là… complètement disparu… on n’a jamais su ce qu’il était devenu… Elle est restée, dans cette installation luxueuse… sans un sou… Je lui ai fait faire quelques conférences… qui lui rapportaient toujours quelques guinées… Puis elle est venue à Paris et c’est alors qu’elle a pris ce nom : Maryse Choisy… Je ne sais pas trop comment elle vit… » Je demande à Davray s’il connaît ses livres : Un mois chez les filles… Un mois chez les hommes... (ou quelque chose dans ce genre), Le vache à l’âme… Il me répond, en murmurant un ou deux autres titres : « Oui, oui… Ses livres se vendent peut-être, qui sait ! Les gens qui aiment les cochonneries achètent peut-être cela dans les gares ?… Elle était entrée dans un cercle de femmes, rue de Bellechasse… On n’a pas tardé à la radier et à la flanquer dehors. Pensez donc ! La Présidente, la « Dussèche » d’Uzès. Elle ne voulait pas avoir une pareille femme dans son salon. »
    ***************
    En vous souhaitant une bonne continuation
    Michel Courty
    http://leautaud.blog.lemonde.fr/

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