Publié en 1930 aux Éditions Montaigne.
238 pages.
En exergue, sur la page de titre, une citation de Joseph Delteil : « Il va sans dire qu'à mes yeux, écrire la vie d'un homme, ce n'est pas narrer ses faits et gestes, mais inventer son âme. Ce que j'aime dans un grand homme, c'est moi. Mon héros est mon moi idéal. »
L'ouvrage est dédié « A Gérard GIRARD / M. C. »
Table des matières :
CHAPITRE PREMIER : Naissance
CHAPITRE II : Petit portrait à la plume
CHAPITRE III : Parenthèse sur le problème de la création mentale
CHAPITRE IV : Le subconscient de Delteil
CHAPITRE V : Delteil homme du moyen âge
CHAPITRE VI : Premiers vers et le rythme delteillien
CHAPITRE VII : Sur le fleuve Amour et la marque de fabrique
CHAPITRE VIII : Cholera et le subconscient
CHAPITRE IX : Les cinq sens et l'art
CHAPITRE X : Jeanne d'Arc et l'amour
CHAPITRE XI : Les Poilus et la pensée delteillienne
CHAPITRE XII : La Fayette et l'action
CHAPITRE XIII : Napoléon ou la leçon du surhomme inadapté
CHAPITRE XIV : Saint Don Juan et l'apport de l’œuvre delteillienne
CHAPITRE XV : Delteil essentiellement a-social
CHAPITRE XVI : Delteil et moi
CHAPITRE III : Parenthèse sur le problème de la création mentale
CHAPITRE IV : Le subconscient de Delteil
CHAPITRE V : Delteil homme du moyen âge
CHAPITRE VI : Premiers vers et le rythme delteillien
CHAPITRE VII : Sur le fleuve Amour et la marque de fabrique
CHAPITRE VIII : Cholera et le subconscient
CHAPITRE IX : Les cinq sens et l'art
CHAPITRE X : Jeanne d'Arc et l'amour
CHAPITRE XI : Les Poilus et la pensée delteillienne
CHAPITRE XII : La Fayette et l'action
CHAPITRE XIII : Napoléon ou la leçon du surhomme inadapté
CHAPITRE XIV : Saint Don Juan et l'apport de l’œuvre delteillienne
CHAPITRE XV : Delteil essentiellement a-social
CHAPITRE XVI : Delteil et moi
Le livre et la critique :
Les Treize, in L'Intransigeant du 28 mars 1930, p. 2 :
Mme Maryse Choisy est intrépide et guerrière. Elle entreprend de nous dévoiler Joseph Delteil intime, et au lieu de brosser quelques petits portraits bien sages et bien « ressemblants », elle bâtit à coups de hache et d'épée des statues, plus grandes que nature, dont aucune n'est achevée.
Si bien que, pour avoir un Delteil au complet, il faut réunir tous ces morceaux de Delteil. Le jeu est amusant. Mme Maryse Choisy y puise une sorte d'ivresse communicative.
En petites phrases dures, heurtées, gonflées, craquantes, elle décrit Delteil, le Delteil enfant, le Delteil jeune homme, Delteil à travers chacun de ses livres, Delteil devant la femme, devant les femmes, Delteil en liberté..., tous les Delteil.
Delteil, écrit-elle, est Méditerranéen, c'est-à-dire Américain et Oriental, forêt et désert, fini et infini. C'est l'Un complet. L'Un des Eléates est un produit méditerranéen.
Cette succession de « Delteils » qui chevauchent ces pages sur un rythme accéléré finit par brouiller un peu le véritable visage de Joseph Delteil.
Mais sans doute le Delteil de Mme Maryse Choisy est-il plus vrai... que nature.
P. L., in Comoedia du 4 mai 1930, p. 3 :
Mme Maryse Choisy aime à dérouter ses lecteurs. Après Un mois chez les filles, qui ne laissa pas de susciter quelque scandale, voici un livre dont le titre fait de l’œil aux passantes : Delteil tout nu. On se précipite, on ouvre, on lit... et la nudité qu'on découvre est une nudité spirituelle, morale, voire métaphysique. Car Delteil tout nu est un livre dru, fort, calé, où le mécanisme de la création littéraire, le jeu de l'inspiration, la philosophie se mêlent sans se confondre et se complètent au cours de chapitres ordonnés et construits. Il est arrivé à cet ouvrage une aventure assez exceptionnel : quinze jours après sa parution, il fut épuisé. Seul, le sujet ne l'est pas, car Delteil est inépuisable. Mais Maryse Choisy n'en a pas moins eu raison d'écrire ce livre. Et elle a réussi à jeter un rayon de projecteur sensible et net sur certaines régions delteiliennes peu explorées. « Le héros d'un livre, écrit Maryse Choisy, est ce que l'auteur eût voulu être. Si j'ai entrepris d'écrire une vie de Delteil, c'est parce que j'aurais voulu être Delteil ». Et elle va plus loin. Elle s'imagine parfois qu'elle est Delteil. Imagination créatrice. Besoin créant l'organe. Certains passages de ce livre ont l'apparence, le style, la couleur, le rythme, la fantaisie, la violence, la patte de Delteil. Pastiche ? Non. Parenté. Saturation. Absorption. Peut-être Maryse Choisy abuse-t-elle de certains mots. La « totalisation », la « femme néronienne », le « solarien », le « surréaliste » et le « suridéaliste » se rencontrent à chaque pas. Mais l'idée-force du livre est que la Vie est plus que l'Art. Vivre est la chose qui importe. L'Art n'est rien sans la vie. Mais pourquoi affirmer cela comme une découverte ? N'est-ce pas évident ? Seuls peuvent en douter ceux qui font de la littérature comme on fait du diabète ! Mais les vrais écrivains sont d'abord des vivants.
René Lalou, in La Quinzaine critique des livres et des revues, 10 juin 1930, p. 230 :
J'avoue que je le préférerais habillé, fort adroitement, par lui-même qui sait les endroits où son académie n'est pas impeccable. Grâce aux bons soins de Maryse Choisy, le voici « à poil comme Eve avant le pêché ». Nous apprenons donc que Delteil est « doux comme un Jésus raphaëlesque en sucre » [mélodie de Massenet, Jules], ensuite qu'il « écrit avec ses pieds », enfin qu'il « est entré dans l'éternité ». C'est aussi un « matador » qui explore courageusement le problème des origines entre le genou et la cuisse d'une dame du VIIIe. En l'honneur de ce « suridéaliste » Maryse Choisy se déshabille à son tour, nous dit pourquoi elle aime et déteste ce « bouffeur de moi », nous expose longuement comment Delteil incarne « la vie à l'état pur ». Ainsi, à force d'ennuyeux dogmatisme, Delteil tout nu devient un livre chaste.
Mme Maryse Choisy est intrépide et guerrière. Elle entreprend de nous dévoiler Joseph Delteil intime, et au lieu de brosser quelques petits portraits bien sages et bien « ressemblants », elle bâtit à coups de hache et d'épée des statues, plus grandes que nature, dont aucune n'est achevée.
Si bien que, pour avoir un Delteil au complet, il faut réunir tous ces morceaux de Delteil. Le jeu est amusant. Mme Maryse Choisy y puise une sorte d'ivresse communicative.
En petites phrases dures, heurtées, gonflées, craquantes, elle décrit Delteil, le Delteil enfant, le Delteil jeune homme, Delteil à travers chacun de ses livres, Delteil devant la femme, devant les femmes, Delteil en liberté..., tous les Delteil.
Delteil, écrit-elle, est Méditerranéen, c'est-à-dire Américain et Oriental, forêt et désert, fini et infini. C'est l'Un complet. L'Un des Eléates est un produit méditerranéen.
Cette succession de « Delteils » qui chevauchent ces pages sur un rythme accéléré finit par brouiller un peu le véritable visage de Joseph Delteil.
Mais sans doute le Delteil de Mme Maryse Choisy est-il plus vrai... que nature.
P. L., in Comoedia du 4 mai 1930, p. 3 :
Mme Maryse Choisy aime à dérouter ses lecteurs. Après Un mois chez les filles, qui ne laissa pas de susciter quelque scandale, voici un livre dont le titre fait de l’œil aux passantes : Delteil tout nu. On se précipite, on ouvre, on lit... et la nudité qu'on découvre est une nudité spirituelle, morale, voire métaphysique. Car Delteil tout nu est un livre dru, fort, calé, où le mécanisme de la création littéraire, le jeu de l'inspiration, la philosophie se mêlent sans se confondre et se complètent au cours de chapitres ordonnés et construits. Il est arrivé à cet ouvrage une aventure assez exceptionnel : quinze jours après sa parution, il fut épuisé. Seul, le sujet ne l'est pas, car Delteil est inépuisable. Mais Maryse Choisy n'en a pas moins eu raison d'écrire ce livre. Et elle a réussi à jeter un rayon de projecteur sensible et net sur certaines régions delteiliennes peu explorées. « Le héros d'un livre, écrit Maryse Choisy, est ce que l'auteur eût voulu être. Si j'ai entrepris d'écrire une vie de Delteil, c'est parce que j'aurais voulu être Delteil ». Et elle va plus loin. Elle s'imagine parfois qu'elle est Delteil. Imagination créatrice. Besoin créant l'organe. Certains passages de ce livre ont l'apparence, le style, la couleur, le rythme, la fantaisie, la violence, la patte de Delteil. Pastiche ? Non. Parenté. Saturation. Absorption. Peut-être Maryse Choisy abuse-t-elle de certains mots. La « totalisation », la « femme néronienne », le « solarien », le « surréaliste » et le « suridéaliste » se rencontrent à chaque pas. Mais l'idée-force du livre est que la Vie est plus que l'Art. Vivre est la chose qui importe. L'Art n'est rien sans la vie. Mais pourquoi affirmer cela comme une découverte ? N'est-ce pas évident ? Seuls peuvent en douter ceux qui font de la littérature comme on fait du diabète ! Mais les vrais écrivains sont d'abord des vivants.
René Lalou, in La Quinzaine critique des livres et des revues, 10 juin 1930, p. 230 :
J'avoue que je le préférerais habillé, fort adroitement, par lui-même qui sait les endroits où son académie n'est pas impeccable. Grâce aux bons soins de Maryse Choisy, le voici « à poil comme Eve avant le pêché ». Nous apprenons donc que Delteil est « doux comme un Jésus raphaëlesque en sucre » [mélodie de Massenet, Jules], ensuite qu'il « écrit avec ses pieds », enfin qu'il « est entré dans l'éternité ». C'est aussi un « matador » qui explore courageusement le problème des origines entre le genou et la cuisse d'une dame du VIIIe. En l'honneur de ce « suridéaliste » Maryse Choisy se déshabille à son tour, nous dit pourquoi elle aime et déteste ce « bouffeur de moi », nous expose longuement comment Delteil incarne « la vie à l'état pur ». Ainsi, à force d'ennuyeux dogmatisme, Delteil tout nu devient un livre chaste.
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