Publié en 1931 aux Éditions des Portiques.
254 pages.
Ouvrage dédié « AU DOCTEUR MERY / le philosophe des bêtes qui rêve d'une humanité animale édénique. / Amicalement. / M. C. » et « A HENRY THETARD / doublement confrère et qui m'initia aux joies du domptage. / Amicalement. / M. C. »
Lettre-préface de Maître Théodore Valensi.
Table des matières :
PREMIÈRE PARTIE : L'INSTINCT SEXUEL
CHAPITRE PREMIER : La Morale sexuelle
CHAPITRE II : La Célimène éternelle
CHAPITRE III : De la danse des libellules à l'amour intégral des mantes sadiques et des araignées féministes
DEUXIÈME PARTIE : UN MOIS DANS UNE MÉNAGERIE FORAINE
CHAPITRE IV : La route est belle
CHAPITRE V : Ma première entrée de cage
CHAPITRE VI : Les bêtes et leur dressage
CHAPITRE VII : Le beau dompteur et sa femme
CHAPITRE VIII : Le syndicat des forains
CHAPITRE IX : Ma première blessure
CHAPITRE X : Le jardin zoologique de l'Exposition coloniale
TROISIÈME PARTIE : FAUVES EN LIBERTÉ
CHAPITRE XI : L'heure d'amour chez les fauves
CHAPITRE XII : Histoires de tigres
CHAPITRE XIII : Le social dans l'amour animal
CHAPITRE XIV : Un mois à la clinique du docteur Méry
CHAPITRE XV : Vices et déformations des bêtes dites civilisées... et des autres
CHAPITRE XVI : La bête que nous poursuivons tous
Le livre et la critique :
? in L'Oeil de Paris n°154 du 17 octobre 1931, p. 14 :
De plus en plus fort
Après avoir successivement vécu dans l'intimité des moines du mont Athos, des chirologues et cartomanciens, des filles dites de joie, Maryse Choisy vient de connaître la compagnie des forains, dans une ménagerie.
— Elle n'a peur de rien ! s'écriait Rachilde, en lisant ce nouveau reportage et en éclatant d'un de ces rires aigus qui lui sont propres. Vous parlez d'un type ! Vous verrez qu'elle ira jusqu'à passer un mois faubourg Saint-Germain !...
Françoise Verdier in L'Africain n°93, 25 décembre 1931, p.5. :
Maryse Choisy n'a jamais fini de nous étonner... Elle est, il faut l'avouer, la plus sérieuse et la plus curieuse des femmes journalistes de notre temps. C'est elle qui la première osa, en vue d'un reportage, s'engager dans une de ces maisons que la morale réprouve, mais que la police tolère. C'est elle qui un beau matin décida d'aller vivre dans ce couvent lointain où pas une femme depuis cinq cents ans n'avait jamais pénétré... Après elle s'en alla en prison ou pour un nouveau monologue devant ses attentifs lecteurs. Cette fois, Maryse est partie sur les routes de France, embauchée dans un cirque où l'on devait l'utiliser pour dompter les bêtes sauvages, tantôt pour tenir la caisse... De plus la dompteuse-caissière enregistrait les observations nombreuses qu'elle était à même de faire. Et Dieu sait si elles furent nombreuses, éloquentes, savoureuses... Pas à vous mettre l'eau des regrets à la bouche (je n'ai pas de courage pour deux sous) mais à vous faire dresser les cheveux sur la tête.
La première et la dernière partie du livre de Maryse Choisy sont aussi tout à fait hors des modèles courants. Mais à quoi bon raconter d'une plume banale ce qu'elle retrace avec du sang et du vitriol. Il faut lire Quand les bêtes sont amoureuses. Ce livre ne ressemble à aucun autre.
Paul Martignon in L'Archer n°1, janvier 1932, p.109 :
Mme Maryse Choisy qui a promené son esprit curieux chez les filles, chez les moines, dans les prisons, nous donne aujourd'hui un livre de nature — rien d'ailleurs de semblable à ce qui se fait chez Stock. Plutôt un livre naturiste, en ce sens qu'elle nous parle des bêtes, des lions et des tigres, des puces et des mantes religieuses, surtout lorsqu'elles sont amoureuses.
Il y a dans ce livre trop court à mon gré — la première partie aurait pu être plus développée — beaucoup d'observations personnelles, de sensibilité, d'esprit bien entendu, car il se devait que Mme Maryse Choisy après nous avoir conté les amours des courtisanes, allât voir ce qui se passait dans les ménageries foraines.
Eugène Marsan, in Le Figaro n° 167, 15 juin 1932, p. 5. :
LE JUSTE POINT
Le livre qui sera commenté dans la suite de cette petite note n'est pas précisément fait pour les garçonnets et les fillettes. Il n'a pas du tout recours au latin pour braver l'honnêteté. Nous en parlerons néanmoins, après cet avis de sagesse, en premier lieu parce qu'il est intéressant, pour le plaisir de reconnaître son mérite, ensuite parce qu'il est possible d'en tirer une leçon, et même assez grande et utile.
En vue d'écrire cet ouvrage à sa manière habituelle, c'est-à-dire la main courant sur le papier (ce n'est pas un reproche), Mme Maryse Choisy s'est pliée à certaines disciplines peu banales. Elle a fini par suivre des chasses au tigre dans les Indes. Elle avait commencé en France par entrer dans les cages des ménageries, sous les yeux de toute la littérature, en qualité de dompteuse volontaire. Entre tant, elle n'avait pas négligé d'observer les us et coutumes de toutes les bêtes qui passaient à portée de ses regards, que ce fût une libellule ou un petit chien.
Une foule de portraits d'animaux, jetés et presque chantés dans un parler vivace, attestent ainsi la loyauté de ses expériences, comme la minutie de ses observations et l'abondance de ses lectures. L'étude directe du cœur animal lui a permis, en outre, quantité de comparaisons, les plus drôles du monde, avec l'espèce humaine. Pour donner libre cours à son allègre misanthropie. Et enfin, elle en était, quand elle a pris la plume, à l'épanouissement de tous ses dons. De telle sorte que ce livre est décidément le meilleur que nous ayons d'elle à cette date. Il est divers et curieux, pittoresque et hardi, et plein de verve, avec des trouvailles à pleines mains.
Par malheur, entre toutes les fées qui ont présidé à la naissance de Mme Choisy, il y en a une que l'on avait dû fâcher, qui n'était pourtant pas trop mauvaise et qui s'est bornée à dire à l'enfant dans ses langes : ? Quand tu seras grande, tu aimeras en tout l'outrance. ?
De telle sorte qu'une fois de plus l'auteur de ce livre, après avoir préféré, une fois de plus, un titre plus que désinvolte, aura vu dans la démesure des pensées et des mots le summum de l'art. Lorsque sa prose cède à l'impulsion, pour se changer peu à peu en poésie, comme il est légitime, elle n'a de cesse qu'elle n'ait été outrepassé. A nous les allitérations, les consonances folles : vivent les tambours et les coups de feu !... Saura-t-elle jamais tout ce que l'économie des forces ajoute à la force ?
Legrand-Chabrier in La Rampe n°563, 15 juin 1932, p.28 :
Le livre de Maryse Choisy, Quand les bêtes sont amoureuses, que les Éditions des Portiques ont édité, est de l'école de Rémy de Gourmont. Quelques citations pieuses de cet auteur sont loyalement tissées dans le texte, lequel est d'ailleurs bien plus aventureux. Tout y est intéressant, certes, mais la suite des chapitres qui retient le plus notre attention spécialiste s'intitule : Un mois dans une ménagerie foraine, fourmillant d'observation quotidienne, parfois brutale et romancée, mais hurlant à la vérité des fauves et de leurs dompteurs, et donnant quelques esquisses foraines assez véridiques. Sans doute, j'émets quelque doute sur la véracité de telle ou telle historiette, notamment sur celle qui tendrait a creuser le fossé entre l'artiste de cirque et l'artiste forain. Mais le livre est séducteur, indéniablement. Et nous ne saurions, en bonne conscience, y résister. Et le style y contribue certes. Et puis, Maryse Choisy n'est pas ingrate envers celui dont nous sommes tous tributaires dès que nous parlons fauves de ménagerie, notre ami confrère Henry Thélard, « auteur du meilleur livre sur les dompteurs, qui tutoie tous les lions en cage et tous les belluaires hors de la cage », ce qui est un bien joli portrait de lui en deux coups de stylo.
De plus en plus fort
Après avoir successivement vécu dans l'intimité des moines du mont Athos, des chirologues et cartomanciens, des filles dites de joie, Maryse Choisy vient de connaître la compagnie des forains, dans une ménagerie.
— Elle n'a peur de rien ! s'écriait Rachilde, en lisant ce nouveau reportage et en éclatant d'un de ces rires aigus qui lui sont propres. Vous parlez d'un type ! Vous verrez qu'elle ira jusqu'à passer un mois faubourg Saint-Germain !...
Françoise Verdier in L'Africain n°93, 25 décembre 1931, p.5. :
Maryse Choisy n'a jamais fini de nous étonner... Elle est, il faut l'avouer, la plus sérieuse et la plus curieuse des femmes journalistes de notre temps. C'est elle qui la première osa, en vue d'un reportage, s'engager dans une de ces maisons que la morale réprouve, mais que la police tolère. C'est elle qui un beau matin décida d'aller vivre dans ce couvent lointain où pas une femme depuis cinq cents ans n'avait jamais pénétré... Après elle s'en alla en prison ou pour un nouveau monologue devant ses attentifs lecteurs. Cette fois, Maryse est partie sur les routes de France, embauchée dans un cirque où l'on devait l'utiliser pour dompter les bêtes sauvages, tantôt pour tenir la caisse... De plus la dompteuse-caissière enregistrait les observations nombreuses qu'elle était à même de faire. Et Dieu sait si elles furent nombreuses, éloquentes, savoureuses... Pas à vous mettre l'eau des regrets à la bouche (je n'ai pas de courage pour deux sous) mais à vous faire dresser les cheveux sur la tête.
La première et la dernière partie du livre de Maryse Choisy sont aussi tout à fait hors des modèles courants. Mais à quoi bon raconter d'une plume banale ce qu'elle retrace avec du sang et du vitriol. Il faut lire Quand les bêtes sont amoureuses. Ce livre ne ressemble à aucun autre.
Paul Martignon in L'Archer n°1, janvier 1932, p.109 :
Mme Maryse Choisy qui a promené son esprit curieux chez les filles, chez les moines, dans les prisons, nous donne aujourd'hui un livre de nature — rien d'ailleurs de semblable à ce qui se fait chez Stock. Plutôt un livre naturiste, en ce sens qu'elle nous parle des bêtes, des lions et des tigres, des puces et des mantes religieuses, surtout lorsqu'elles sont amoureuses.
Il y a dans ce livre trop court à mon gré — la première partie aurait pu être plus développée — beaucoup d'observations personnelles, de sensibilité, d'esprit bien entendu, car il se devait que Mme Maryse Choisy après nous avoir conté les amours des courtisanes, allât voir ce qui se passait dans les ménageries foraines.
Eugène Marsan, in Le Figaro n° 167, 15 juin 1932, p. 5. :
LE JUSTE POINT
Le livre qui sera commenté dans la suite de cette petite note n'est pas précisément fait pour les garçonnets et les fillettes. Il n'a pas du tout recours au latin pour braver l'honnêteté. Nous en parlerons néanmoins, après cet avis de sagesse, en premier lieu parce qu'il est intéressant, pour le plaisir de reconnaître son mérite, ensuite parce qu'il est possible d'en tirer une leçon, et même assez grande et utile.
En vue d'écrire cet ouvrage à sa manière habituelle, c'est-à-dire la main courant sur le papier (ce n'est pas un reproche), Mme Maryse Choisy s'est pliée à certaines disciplines peu banales. Elle a fini par suivre des chasses au tigre dans les Indes. Elle avait commencé en France par entrer dans les cages des ménageries, sous les yeux de toute la littérature, en qualité de dompteuse volontaire. Entre tant, elle n'avait pas négligé d'observer les us et coutumes de toutes les bêtes qui passaient à portée de ses regards, que ce fût une libellule ou un petit chien.
Une foule de portraits d'animaux, jetés et presque chantés dans un parler vivace, attestent ainsi la loyauté de ses expériences, comme la minutie de ses observations et l'abondance de ses lectures. L'étude directe du cœur animal lui a permis, en outre, quantité de comparaisons, les plus drôles du monde, avec l'espèce humaine. Pour donner libre cours à son allègre misanthropie. Et enfin, elle en était, quand elle a pris la plume, à l'épanouissement de tous ses dons. De telle sorte que ce livre est décidément le meilleur que nous ayons d'elle à cette date. Il est divers et curieux, pittoresque et hardi, et plein de verve, avec des trouvailles à pleines mains.
Par malheur, entre toutes les fées qui ont présidé à la naissance de Mme Choisy, il y en a une que l'on avait dû fâcher, qui n'était pourtant pas trop mauvaise et qui s'est bornée à dire à l'enfant dans ses langes : ? Quand tu seras grande, tu aimeras en tout l'outrance. ?
De telle sorte qu'une fois de plus l'auteur de ce livre, après avoir préféré, une fois de plus, un titre plus que désinvolte, aura vu dans la démesure des pensées et des mots le summum de l'art. Lorsque sa prose cède à l'impulsion, pour se changer peu à peu en poésie, comme il est légitime, elle n'a de cesse qu'elle n'ait été outrepassé. A nous les allitérations, les consonances folles : vivent les tambours et les coups de feu !... Saura-t-elle jamais tout ce que l'économie des forces ajoute à la force ?
Legrand-Chabrier in La Rampe n°563, 15 juin 1932, p.28 :
Le livre de Maryse Choisy, Quand les bêtes sont amoureuses, que les Éditions des Portiques ont édité, est de l'école de Rémy de Gourmont. Quelques citations pieuses de cet auteur sont loyalement tissées dans le texte, lequel est d'ailleurs bien plus aventureux. Tout y est intéressant, certes, mais la suite des chapitres qui retient le plus notre attention spécialiste s'intitule : Un mois dans une ménagerie foraine, fourmillant d'observation quotidienne, parfois brutale et romancée, mais hurlant à la vérité des fauves et de leurs dompteurs, et donnant quelques esquisses foraines assez véridiques. Sans doute, j'émets quelque doute sur la véracité de telle ou telle historiette, notamment sur celle qui tendrait a creuser le fossé entre l'artiste de cirque et l'artiste forain. Mais le livre est séducteur, indéniablement. Et nous ne saurions, en bonne conscience, y résister. Et le style y contribue certes. Et puis, Maryse Choisy n'est pas ingrate envers celui dont nous sommes tous tributaires dès que nous parlons fauves de ménagerie, notre ami confrère Henry Thélard, « auteur du meilleur livre sur les dompteurs, qui tutoie tous les lions en cage et tous les belluaires hors de la cage », ce qui est un bien joli portrait de lui en deux coups de stylo.
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